Laurence Giuliani : « Le recours à l’audio modifie profondément le rapport entre les marques et les publics »

1592 Vues(s) 29 juillet 2021

La communication ne s’appuie pas uniquement sur de l’image mais également sur du son. Aujourd’hui, près d’un internaute sur 10 écoute un podcast chaque mois en France, selon Médiamétrie. Au mois de mai 2021, les Français en ont écouté ou téléchargé 118,4 millions dans le monde, soit 19,2 millions de plus qu’un an auparavant. Pour le tourisme et la culture, cette nouvelle narration offre la possibilité de divertir et de transmettre un savoir aux clientèles à domicile ou en balade et permet donc de toucher un public plus large. Laurence Giuliani, directrice d’Akken nous explique les raisons du succès de ces contenus audio.

 

Nous vivons une ruée vers l’audio en balade, les podcasts, le streaming, les expériences sonores. Que propose Akken dans ce contexte ?

 

Akken est une agence de production sonore. Nous concevons et réalisons des contenus sonores pour les destinations touristiques, les lieux de patrimoine, les musées. Ces contenus sont diffusés sous forme de podcasts, sur lnternet (site web, réseaux sociaux de la destination, plateformes de diffusion de podcasts) ou encapsulés dans des objets d’écoutes connectés, qui détournent le code de l’audioguide pour proposer des balades sonores in situ.

 

Après le règne de l’image, les marques placent désormais le son au cœur de leur communication ?

 

Dans la mesure où nos yeux sont sollicités en moyenne par plus de 1 200 messages publicitaires visuels par jour, on comprend bien que le terrain de jeu habituel des marques est totalement saturé. S’il convient de trouver d’autres manières d’interpeller et de séduire les futurs visiteurs, il est également primordial aujourd’hui de tisser un lien plus proche, plus sincère. Le recours à l’audio modifie profondément le rapport entre les marques et les publics, notamment parce que la voix devient une incarnation émotionnelle et tangible de cette promesse d’un rapport authentique. 

 

Quels sont les objectifs des acteurs touristiques qui vous sollicitent ? 

 

Aujourd’hui, les objectifs sont rarement identifiés clairement, ce qui s’explique par le fait que le média sonore a encore un statut neuf, de challenger, qui doit encore faire ses preuves. Nous sommes généralement face à une envie, celle d’explorer de nouveaux territoires promotionnels, voire de diversifier sa clientèle. Et même lorsque la destination produit un cahier des charges, il est bien souvent « à côté » parce que s’inspirant de l’audiovisuel. Or, on n’écrit pas de la même manière pour l’audio que pour l’audiovisuel.

 

Pour autant, ce n’est pas parce qu’on produit un format audio qu’il ne faut pas se poser les mêmes questions marketing que pour tout autre contenu : à qui parle-t-on ? Quelle cible cherche-t-on à toucher ? Notre job est de bien comprendre et bien identifier ces pré-requis pour être en capacité d’éditorialiser et de réaliser des contenus pertinents, en phase avec les besoins de la destination.

 

La conception d’un contenu sonore peut totalement différer entre une consommation in situ ou en ligne. Quels sont les codes à suivre, les défis que vous rencontrez ?

 

Il est vraiment important de comprendre que l’expérience vécue diffère beaucoup selon les conditions de diffusion et d’écoute que l’on va proposer à l’auditeur/visiteur. In situ, on s’appuie énormément sur le réel qui nous entoure, on se reconnecte à cet environnement direct qui soutient le propos, qui offre un dialogue permanent. En ligne, le défi est de taille. Où se trouve l’auditeur ? Au calme à la maison, dans les transports, en train de cuisiner et de suivre un tutoriel en même temps ? Quelles sont ses conditions d’écoute : avec un super casque, ou sur les enceintes du PC de bureau qui crachotent du mp3 de mauvaise qualité ?

 

Capter l’attention, la conserver, amener l’auditeur à générer ses propres images mentales, l’embarquer dans un véritable cinéma pour les oreilles, construire l’immersion qui va l’entourer le temps de son écoute, tels sont les enjeux qui font le sel notre métier.

 

 

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